La transmutation de troisième génération est de création récente et jusqu'à présent je crois bien être le seul à l'avoir pratiquée, mais le monde est si vaste, gardons-nous d'être trop catégorique. Son principe en est simple : le mot est décomposé en syllabes dont l'orthographe nous indiffère totalement : nous allons travailler uniquement à l'oreille, en évitant quand même les "à peu près" afin que le jeu ne dégénère pas. A chaque étape de la transmutation on remplace une syllabe par une autre, allant ainsi d'un mot donné à un autre mot donné. Il s'agit donc d'une transmutation homophonique, n'ayons pas peur des mots.
Pour mettre tout le monde d'accord au départ nous poserons en principe que l'e muet suivra les règles de la prosodie classique. Principale conséquence, comme en fin de vers, l'e final d'un mot restera toujours muet. Les curieux peuvent aller voir là .
Si nous reprenons notre amiral du mois dernier : a/mi/ral nous constatons qu'il peut s'écrire ami râle ou à mi-râle (et même âme y râle ) et qu'à la modification suivante l'ami en question peut faire tout autre chose à condition que ce soit en une seule syllabe. Amiral peut être suivi d'amidon (mais pas d'amitié qui ajouterait une syllabe, l'é n'étant pas un e muet).De même notre général peut s'écrire gêne et râle (3 syllabes aussi grâce à l'élision du e de gêne suivi par une voyelle).
Bon, si de temps en temps, il y a des accrocs, ce n'est pas grave."On oublie vite les règles édictées" est un alexandrin et non un décasyllabe, mais on s'en fout, c'est surtout pas bien joli.
Revenons à notre transmutation de troisième génération : elle demande donc de l'oreille, encore de l'oreille, toujours de l'oreille. Les noms propres sont acceptés.
Hennissez avec moi, je procède à la transmutation homophonique d'un cheval en jument :
Que vois-je venant à ma rencontre ? Un cheval ;
Il est gros, il est vert et me barre le chemin.
Me faudra-t-il attendre ici jusqu'à demain
Ou bien le contourner, prenant le pont romain ?
D'une telle rencontre on ferait un roman
Si le cheval en fait était une jument.
Ma selle aimée
Alors, musiciens, chanteurs et autres amateurs de bons mots bien sonnants,
accourez, je vous invite à la transmutation homophonique suivante :
du tambour passez donc à la trompette.
Faites des tours et des détours,
des vers ou de la prose.
J'active le contrôle des commentaires ; votre travail de facteur d'instruments
sera publié jeudi à midi.
Illustrations souhaitées.