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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 20:00

 

Cette rubrique asthmatique, à son train de sénateur, s'est traînée à la lettre C de nos dictionnaires. J'y ai relevé quelques chausse-trapes dont je vous fais part sans barguigner.

 

cadavéreux : implique une comparaison. Cet adjectif n'est pas réservé au domaine médical, contrairement à cadavérique. Et puis la présence des vers (véreux, véreuse) renforce bien le terme, on sait de quoi l'on parle.

cadavérique : terme d'anatomie : qui a rapport au cadavre (pas des rapports avec les cadavres), qui caractérise le cadavre : la rigidité cadavérique est incompatible avec le grouillement des vers qui lui succédera, on sera alors en pleine décomposition cadavéreuse.

 

cariatide On se demande pourquoi l'Académie n'a pas retenu la forme "caryatide" plus proche de l'étymologie. Certes, il s'agit d'une statue soutenant une corniche, une architrave, un balcon, un entablement ou une tribune, mais précisons qu'il s'agit d'une statue de femme. Lorsque le "souteneur" est un homme il vaut mieux parler (mac ou maquereau mis à part) d'atlante ou de télamon.

 

cassonade Il s'agit d'une variété de sucre dont le mode de préparation permet de retenir le fait que le mot ne contient qu'un n : la cassonade est un sucre raffiné une seule fois.

 

catéchiste et catéchumène ne sont pas synonymes et leurs "ch" respectifs se prononcent différemment.

Le catéchiste (prononcer chi) enseigne alors que le catéchumène (prononcer ku) reçoit l'enseignement chrétien. Le catéchumène a un "ku" remarquable.

 

céans cet ancien adverbe de lieu, signifiant ici dedans est également utilisé parfois comme adverbe de temps, signifiant maintenant tout de suite.

On fréquente encore la maîtresse de céans mais l'usage de céans s'estompe tout doucement. Parfois, horreur absolue, céans est confondu avec séant. Vous le savez, séant signifie convenable, opportun, décent ; il signifie aussi qui va (seyant) et, bien entendu, derrière, fessier, postérieur. Il y a là matière à réflexion : comment un même mot peut-il concerner des domaines si opposés ? Pour illustrer le bon usage des deux mots, j'ai exhumé un texte attribué à Paul Claudel (Il s'agit d'un dialogue entre un élève de terminale L et sa professeure particulière de français, tiré de son Traité du doute, contesté par des gens de peu de foi). Personnellement, j'ai un doute sur cette paternité. Votre avis me sera précieux sur ce point.

 

L'océan du doute

 

Lui

 

Est-ce vraiment bienséant,

Ce jupon rose si séant

Me laissant voir votre séant ?

 

Je vous l'avoue un doute m'habite

Voulez-vous l'apprendre céans ?

 

Elle

 

Laissez tomber ce doute en herbe,

Quel développement superbe,

Qui enfle encor et s'exacerbe.

 

Il va falloir enfin conclure

Par une introduction céans !

 

 

 

 

 

 

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 18:30

 

Aujourd'hui nous nous pencherons sur les mots qui se terminent par le son "isse".

 

Ils s'écrivent is, isce, iss, isse, ice, ix, ysse ou yx (anglicismes exceptés).

 

Les mots en "isse"(je ne parle pas des verbes conjugués) sont tous du genre féminin. Evidemment il y a une exception : le  jocrisse qui bien que masculin n'est pas très viril. Donc, au restaurant, n'hésitez plus pour commander votre plat, ce sera une clovisse à la réglisse.

 

Les mots en "is" (au singulier) semblent tous être du genre masculin, excepté la praxis, la syphilis et la trustis*. Axis, doris, métis, pastis, pénis, pubis, ... Ayons une pensée émue pour les personnes qui apprennent notre langue car dans beaucoup de mots se terminant ainsi le s final ne se prononce pas. (radis, souris, permis, chassis, etc...)

 

Les mots en "ice" sont généralement féminins mais, avec une bonne vingtaine d'exceptions,

la situation est plus inquiétante. On peut être bien embarrassé pour connaître le genre de l'immondice ; eh bien sachez-le : une immondice c'est une belle ordure ! Par contre il y a de belles ordures qui n'ont rien à voir avec les immondices, elles sont bien souvent du genre masculin (au féminin on dit plutôt de belles ou de fieffées salopes).

Rappelons, parmi les mots au genre douteux : le délice (qui masculin au singulier, devient féminin au pluriel avec une exception dans l'exception pour "les grands délices") le vieil hospice, le petit interstice, le petit office et la grande office.

 

Les mots en "ix" et "yx"ne  font entendre le son "isse" que dans trois cas. N'oublions pas de citer le six et le dix qui ne sera pas de der, d'oublier la perdrix et tous les autres (une trentaine) où l'on n'entend pas "isse" mais "ixe" ou ai ou oi ou i,

et terminons par une curiosité mal placée : le coccyx, qui rime avec saucisse mais avec aucun de ses dix petits frères en "yx" dont le x final se prononce kse.

 

Ajoutons enfin, pour essayer d'être complet, le kriss malais que Tant-Bourrin m'a planté dans le dos et la miss (là, il s'immisce) et rajoutons, pour faire bonne mesure un abysse et une alysse (c'est la corbeille d'argent ou thlaspi blanc, ne cherchez pas).

 

Professeur Schmürtz

 

* la trustis ou truste, chez les Francs, est un groupement de guerriers libres qui formaient une haie d'honneur

 

 

 

 

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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 07:00

Reprenons tranquillement notre promenade dans les difficultés de la langue française, commencée avec le billet intitulé L'argile la plus fine est anglaise.

 

Au programme aujourd'hui des pièges divers et variés.

 

 

Baccara, Baccarat :  Baccarat-copie-1.JPG


Nous avons joué au baccara

 

en prenant un t

 

dans des tasses en Baccarat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BatisteBatiste :

 

 

 

 

Delphine et Baptiste

 

avaient revêtu des chemises de fine batiste

 

qui ne sentaient pas le p.

 

 

 

 

 

 

 

Bonhomie : j'aime bien le bonhomme, j'aime aussi sa bonne amie, mais j'm moins sa bonhomie !

 

 

 

 

Bourrique-copie-1Bourrin :

 Le bourrin*, la bourrique, le bourricot ou bourriquot et le bourriquet, ont deux belles oreilles et ils ne manquent pas d'r. Rappelons ici que leur braiment ne prend pas d'e*, normal pour des mammifères me direz-vous, mais cette orthographe est contestée !

Le bourriquier (autre nom de l'ânier) ne manque pas d'air non plus. N'oublions pas ici le verbe bourriquer, un peu moins connu (le verbe, mais pas la chose). cf. le CNRTL ci-dessous : BOURRIQUER, verbe intrans. Argot A.− Dénoncer quelqu'un aux policiers (cf. bourrique B 3). B.− Accomplir l'union sexuelle : − Oui, monsieur le curé, la honte pour moi! Et les compliments, et l'argent, et les tabliers à fleurs pour la rusée qui mène maintenant la vie du ventre à Paris, après déjà qu'elle a commencé chez elle de se faire bourriquer par son père! Aymé, La Jument verte, 1933, p. 286. Rem. On rencontre dans la docum. bourriquant, ante, part. prés. et adj. Synon. allumeur, euse, provocant, ante. Même quand il la voyait venir à lui, la hanche bourriquante, et le flottant de la gorge bien à l'avancée (Aymé, Le Nain, 1934, p. 58).

 

 

*Bourrin, parfois écrit avec un seul r, désignait voici un siècle dans notre belle armée française, la prostituée ; l'argot a retenu le mot et même l'adjectif bourrin pour désigner une personne portée sur les rapports sexuels.

N'est pas Tant-Bourrin qui veut ! (Lao Tseu).

 

Bourrir :

Non seulement la perdrix cacabe, mais,      Perdrix des sables-copie-1

qu'elle soit mâle ou femelle, elle bourre, et vu le bruit

que son envol produit il ne faut pas s'étonner qu'il y ait

deux r à bourrir : bourrrrrrr !

 

 

Dans le désert la perdrix doit son salut à la couleur de

son plumage, qui se confond avec le sable :  

S'envoler, c'est bourrir un peu (La Perdrix xérophile.)

 

 


On notera au passage que bien que l'oie et le jars aient

le même cri, la première est censée cacarder alors que

le second jargonne !

 

 

La photo de la perdrix des sables

vient du blog de Bruno Tredez.

 

 

 

Boursouflé :

Le vent souffle sur le bourg : les toiles des auvents sont boursouflées, ah que ce boursouflage, ce boursouflement, cette boursouflure, me navrent ; un seul f pour tout ce vent alors que le blizzard demande deux z !

 

But et butte :

Et pour conclure ce billet, rappelons aux amateurs de football qu'on ne dit pas être en but (même pour un gardien) mais être en butte ... aux commérages.

 

oOo

 

 

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 22:30

 

Comme la plupart d'entre nous, je commets des fautes d'orthographe, ce qui me navre. Bien souvent il m'arrive de savoir que tel mot bien précis a un genre délicat à définir, deux orthographes différentes ou un problème de doublement de consonne mais pas moyen de me souvenir du bon genre ou de la nécessité de doubler ou non la consonne : je sais donc qu'il y a une probabilité de faute mais cela  ne m'avance guère.

 

Pour pallier cette carence orthographique récurrente je vous propose de participer à l'élaboration d'un recueil de phrases inoubliables garantissant un respect sans faille de l'orthographe. C'est donc l'occasion pour moi de créer une nouvelle rubrique : CHAUSSE-TRAPES. Je sais bien, en écrivant chausse-trapes avec un seul "p" que d'ici peu la bonne orthographe deviendra fautive mais c'est plus fort que moi, je me dois de respecter ma langue tout comme  je me dois de respecter mes ancêtres.

L'argile servira d'exemple et sera le premier mot à entrer dans ce recueil. Doit-on dire un argile ou une argile ?

Comme disait l'arrière-grand'père d'Obama "un doute m'assaille". Après vérification du genre dans un ouvrage digne de foi, il convient de forger une formule inoubliable, une de ces formules qui font la réputation des institutrices, instituteurs et autres professeurs des écoles.

Pour l'argile, je pense avoir trouvé et je dis, péremptoire :l'argile la plus fine est anglaise ! Cette main basse de la perfide Albion sur cette noble matière est suffisamment révoltante pour que nous nous insurgions et que soit enfin gravé dans l'argile de nos mémoires, le genre de cette roche sédimentaire. Quant à la glaise, qui est une terre argileuse et non une argile, elle est encore exploitée dans des glaisières.  Notons au passage le verbe glaiser (enduire de glaise ou amender avec de la glaise) fort apprécié des amateurs de contrepèteries soucieux de l'entretien de leurs bancs.

 

Le Robert des difficultés de la langue française nous signale à la lettre A, entre autres joyeusetés :abîme et abyme, addendum et addenda, alêne, alizé, alvéole, ambages, ambre, annales, antidote, antre, aphérèse et apocope, apogée, appareil , appas et appâts, à propos et à-propos, arrhes, augure, aurochs, j'en passe et des meilleurs. Si certains de ces mots vous inspirent une phrase d'anthologie (l'Anthologie  des Difficultés Surmontées de la Langue Française *), mettez-la en commentaire. Grâce à l'A.D.S.L.F. bientôt nous naviguerons à grande vitesse sur l'Océan de la Francophonie.Si une phrase ne suffit pas, s'il faut un texte, un poème, une opération mathématique, allez-y et vive(nt) les mots !

 

* Quand je dis langue française, je n'oublie pas tous ceux qui dans le monde francophone, font vivre et défendent le français. Combien de mots du Québec, de Belgique, de Suisse, d'Afrique, des îles, chaleureux, colorés, évocateurs attendent d'entrer dans nos dictionnaires. Le dictionnaire du Scrabble est un précurseur et sur le Net, Lexilogos mérite d'être consulté sans retenue.

 

Désolé d'avoir été un peu long pour ce premier article de la rubrique CHAUSSE-TRAPES qui pourrait tenir en une ligne :

 

argile : nom féminin l'argile la plus fine est anglaise ! *

 

P.S.  Merci à JEUtuil, qui m'a donné l'idée de cette rubrique

 

  * Il va de soi que l'ADSLF entend être d'abord et avant tout l'occasion de caresser les mots de notre belle langue, il ne faudra y chercher ni définitions exactes ni règles de grammaire.

 

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