Cette rubrique asthmatique, à son train de sénateur, s'est traînée à la lettre C de nos dictionnaires. J'y ai relevé quelques chausse-trapes dont je vous fais part sans barguigner.
cadavéreux : implique une comparaison. Cet adjectif n'est pas réservé au domaine médical, contrairement à cadavérique. Et puis la présence des vers (véreux, véreuse) renforce bien le terme, on sait de quoi l'on parle.
cadavérique : terme d'anatomie : qui a rapport au cadavre (pas des rapports avec les cadavres), qui caractérise le cadavre : la rigidité cadavérique est incompatible avec le grouillement des vers qui lui succédera, on sera alors en pleine décomposition cadavéreuse.
cariatide On se demande pourquoi l'Académie n'a pas retenu la forme "caryatide" plus proche de l'étymologie. Certes, il s'agit d'une statue soutenant une corniche, une architrave, un balcon, un entablement ou une tribune, mais précisons qu'il s'agit d'une statue de femme. Lorsque le "souteneur" est un homme il vaut mieux parler (mac ou maquereau mis à part) d'atlante ou de télamon.
cassonade Il s'agit d'une variété de sucre dont le mode de préparation permet de retenir le fait que le mot ne contient qu'un n : la cassonade est un sucre raffiné une seule fois.
catéchiste et catéchumène ne sont pas synonymes et leurs "ch" respectifs se prononcent différemment.
Le catéchiste (prononcer chi) enseigne alors que le catéchumène (prononcer ku) reçoit l'enseignement chrétien. Le catéchumène a un "ku" remarquable.
céans cet ancien adverbe de lieu, signifiant ici dedans est également utilisé parfois comme adverbe de temps, signifiant maintenant tout de suite.
On fréquente encore la maîtresse de céans mais l'usage de céans s'estompe tout doucement. Parfois, horreur absolue, céans est confondu avec séant. Vous le savez, séant signifie convenable, opportun, décent ; il signifie aussi qui va (seyant) et, bien entendu, derrière, fessier, postérieur. Il y a là matière à réflexion : comment un même mot peut-il concerner des domaines si opposés ? Pour illustrer le bon usage des deux mots, j'ai exhumé un texte attribué à Paul Claudel (Il s'agit d'un dialogue entre un élève de terminale L et sa professeure particulière de français, tiré de son Traité du doute, contesté par des gens de peu de foi). Personnellement, j'ai un doute sur cette paternité. Votre avis me sera précieux sur ce point.
L'océan du doute
Lui
Est-ce vraiment bienséant,
Ce jupon rose si séant
Me laissant voir votre séant ?
Je vous l'avoue un doute m'habite
Voulez-vous l'apprendre céans ?
Elle
Laissez tomber ce doute en herbe,
Quel développement superbe,
Qui enfle encor et s'exacerbe.
Il va falloir enfin conclure
Par une introduction céans !